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9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 22:56

images-copie-10Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? L’inénarrable Morano qui, pour les trois ans de l’arrivée de son mentor Sarko au pouvoir, est bien seule à chanter ses louanges. Mais la petite Nadine, comme la surnomment ses pairs, ne s’économise guère : la « Vrp chantante du sarkozysme » (dixit Le Monde)  s’époumone et tire de sa lyre une ode assez surréaliste. « Lorsque j’entends le président en conseil des ministres, il a une telle vision géopolitique… Il faudrait que tout le monde puisse voir ça. On a de la chance, il faut le dire. C’est dingue ! » Dingue, oui, tout à fait, d’accéder à de tels sommets en matière de lèche. La petite a ainsi été jusqu’à distribuer de ses mains le livret consacré à la gloire du chef, et sobrement intitulé « trois ans d’action ». Oyé, en voilà un titre bien glamour. Nadine avait auparavant pris soin de surligner les passages importants de l’officiel bréviaire. « Mais je connais tout ça par cœur », s’exclamait la gourdasse, « et je peux vous dire, ce livret, c’est bien, mais il en manque ! » On n’en doute pas, Nadine : difficile, en effet, d’énumérer en soixante pages les noms de tous les expulsés, de toutes les garde-à-vue abusives, des salariés privés d’emploi, des chômeurs en fin de droit… Sarko, dans les sondages, plonge à près de 70% d’opinions négatives — battant ainsi le record du plus mauvais score de l’histoire de la cinquième république ? Qu’importe, pour le soldat Morano, il ne s’agit que d’un « malentendu. » « Il faut mieux expliquer ce qu’on fait aux Français », estime la pasionaria. Non contente, au passage, de nous prendre au pire pour des cons, au mieux pour des malentendants, Morano oublie par ailleurs une réalité simplissime: si les Français rejettent en bloc Sarko et son système, c’est justement parce qu’ils ont parfaitement compris ce qu’ils font.

 

     Sa permanence, à Toul, est paraît-il ornée d’une photo dédicacée : « à notre Nadine Morano, inégalable et dont je suis fier. » Qui signe l’éloge, Sarko himself ? Que nenni. Il s’agit de Bigeard, le général, qui en plus pose en treillis, bardé de son bazar à médailles. Ces gens-là ont de ces amis…

 

     Chez les fidèles d’entre les fidèles, le Sarkoland, heureusement pour lui, ne compte pas que la petite Nadine. On y trouve du plus lourd, en la personne d’Hortefeux-nec. Plus ultra, que lui (ah ah), y’a pas. Aussi en est-il remercié très chaleureusement par le Patron lui-même, pour qui « dix générations de journalistes ne pourront pas nous fâcher. » Nous voilà bien, tiens, si Sarko se met à croire en sa propre immortalité, ainsi qu’en celle de son ministre de l’intérieur… On en reparlera, dans dix générations d’autruches.

 

     Mais laissons de côté un temps les remugles putrides des marécages sarkolandais, pour revenir à l’actualité, la vraie. La Grèce, en l’occurrence. Cette Grèce à qui ses « partenaires » de la zone euro s’apprêtent à prêter de l’argent selon un circuit bien arrêté : ils l’emprunteront à 3%, et le prêteront aux Grecs, à hauteur de 5% d’intérêt. Bénéfice net pour les prêteurs, en particulier pour les banques ? Je vous laisse calculer, je n’en ai pas le cœur. Pour le reste, tout va pour le mieux, le peuple est en colère, les spéculateurs spéculent, les gouvernants attisent les braises d’un feu auprès duquel ils comptent bien réchauffer leurs vieux os puants, un feu qui a pour nom dérégulation à outrance. Bref, chacun est dans son rôle, au sein d’une tragédie digne de Démosthène — je dis ça c’est juste pour flamber, je sais pas qui est ce gars. N’empêche : suite à la manif’ de mercredi, avec ses trois morts à la clef, les médias franchouillards ont mis les bouchées doubles. Florilège : « la Grèce à feu et à sang », « Athènes livrée à la violence », et bien sûr l’inévitable « l’anarchie règne dans les rues de la capitale grecque. » Ceux qui, en 2005, se plaignaient du traitement réservé à la France lors des émeutes en banlieue — quand le Times titrait « Paris is burning », avec un montage photo et en couverture s’il-vous-plaît, montrant la tour Eiffel en flamme —, les mêmes, en font donc des tonnes sur la Grèce. Ce qui sert, comme on sait, un discours très identifié, que nos maîtres se sont empressés de nous délivrer, en fait, le jour-même. « La crise grecque est un révélateur, elle doit nous persuader que nous avons le dos au mur », affirmait Arthuis le sénateur. L’opportunité était trop belle, de faire passer dans l’urgence et en force leurs saloperies de mesures d’austérité. Aussi, pour éviter à notre pays de basculer dans la violence, le sage Fillon a décidé de « geler les dépenses de l’état de 2011 à 2013 », de « poursuivre la politique de non  remplacement dans la fonction publique » et autres joyeusetés ressortissant clairement d’un projet libéral, arrêté de long temps. Encore ne s’agit-il que d’une première offensive — laquelle tombe, comme c’est étrange, en plein débat sur les retraites —, et sous peu on nous expliquera qu’afin de ne pas « sombrer comme les Grecs dans l’anarchie », il est impératif d’enterrer la Sécu, urgent de supprimer ce qu’il reste de l’ISF, et de privatiser les égouts de Paris. C’est ça ou le chaos, c’est tout. Dans le même temps on pérennisera le bouclier fiscal, on évitera d’inquiéter les banquiers et autres traders lesquels, comme on sait, sont les forces vives de la nation, de ces forces qui, elles, comptent — ça, pour compter… Mais cessons-là : de semaine en semaine, le sarkozysme confirme sa volonté malade d’appliquer, coûte que coûte, le schéma de la contre-révolution néoconservatrice telle qu’elle fut formulée il y a quarante ans par Thatcher et consorts. Les conséquences ont beau s’amplifier sur le terrain social, aucune réaction ni résistance d’envergure ne semble vouloir se mettre en place. A croire que l’espoir a vécu… Séquence guimauvesque, à vomir.

 

     « l’apprentissage de la règle, le respect de l’autorité et le goût de l’effort » : tel sera le socle sur lequel viendra s’appuyer les « établissements de réinsertion scolaire », nouveaux internats à la dure que Sarko-la-schlague veut mettre en place. Ils seront « réservés aux élèves perturbateurs. » Qu’est-ce qu’un élève perturbateur, selon l’élyséen kapo ? Un élève qui aura été « exclu au moins une fois. » Le moins qu’on puisse dire c’est que ça risque de faire du monde, autant réhabiliter tout de suite les casernes laissées vides, par dizaines, sur le territoire, et les transformer en collèges ! Parallèlement sera votée une loi suspendant les allocations familiales en cas d’absentéisme (autre mesure purement démago qui, appliquée en Angleterre depuis les années 90, a été finalement abandonnée là-bas, car les gamins, du coup, on ne les revoyaient plus en cours), enfin, pour saupoudrer le tout d’une bonne dose de libéralisme, Sarko a annoncé « une nouvelle gestion des ressources humaines dans une centaine d’établissements », situés en zones sensibles. Traduction : « le chef d’établissement aura le droit de recruter sur profil des enseignants. » Il ne s’agit, pour l’heure, que d’une expérimentation. Mais « si elle est réussie, nous l’étendrons à la rentrée 2011. » Ça a l’air de rien dit comme ça, mais c’est tout simplement la mort annoncée du statut de prof, la mise en concurrence des enseignants, des établissements, des élèves, la privatisation, à terme, de l’éducation nationale. Si vous en doutez, amis profs, continuez à ne plus faire grève parce que ça vous coûte de l’argent, et on en reparle en 2011, quand vous serez contraints de courir d’un entretien d’embauche à l’autre.

 

     Sinon : l’enfant handicapé expulsé cette semaine par les services d’Eric Besson se porte toujours aussi mal, merci. La trentaine de flics et de gendarmes dépêchés à son Institut d’Education Motrice afin de le sortir de sa chambre et le flanquer dans l’avion se sont bien occupés de lui, « avec cœur et humanité. » Après avoir passé une bonne nuit de sommeil dans un centre de rétention et pris un solide petit déj’, il a embarqué direction son Kosovo natal. Gravement malade, âgé de 15 ans, polyhandicapé.

 

Sinon : le « mur des expulsés », fresque peinte sur les murs de Billère, commune des Pyrénées-Atlantiques, et qui rappelait justement le souvenir des enfants expulsés ces dernières années, à été recouverte, hier, le 8 mai comme par hasard. Le maire de Billère faisait l’objet d’attaques violentes, par le biais d’internet, de la part de groupes d’extrême-droite, notamment le Bloc Identitaire. Le tribunal administratif avait finalement demandé à la mairie d’effacer la fresque en question, au prétexte qu’elles ne « respectait pas la neutralité des édifices publics. » La bonne blague… Le maire ayant refusé, c’est le Bloc Identitaire qui s’est chargé de l’effacement, en ajoutant cette phrase : « c’est fait, Monsieur le préfet. » Ce que les nazillons peuvent se montrer obséquieux, à l’égard des représentants de l’Etat, dès lors qu’ils partagent leurs idées…

 

                                                                                            Frédo Ladrisse.

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