Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Sales bruits de caniveau venus d’outre-Atlantique, Endemol Usa, boîte de prod’ téloche, a osé. On aurait dû s’en douter, ça devait arriver, mais voilà, dans son infinie naïveté l’autruche est encore étonnée d’apprendre qu’ils l’ont fait. Quoi ? Une nouvelle émission de téléréalité, dont le principe est le suivant : prenez une entreprise en difficulté, sélectionnez une poignée de salariés, à laquelle vous confiez les dossiers de leurs collègues. Imposez-leur de rédiger chaque semaine une liste de ceux qui devront être licenciés, filmez le tout, et diffusez. Le nom de l’émission : Someone gotta go. En Français : quelqu’un doit partir. A ce point d’insanité, on remballe les mouchoirs et on sort les flingues. Point. Quelqu’un doit donc partir. C’est également le point-de-vue de Sarko, qui mitonne son remaniement pré-élections européennes, tel le magicien raté répétant un tour de cartes éculé de long temps. Lassé de voir ses ministres se répandre en lamentations et/ou crise d’orgueil, il a exigé d’eux « du sang-froid, du calme, de la maîtrise. » Ils n’ont qu’à prendre modèle sur lui. C’est d’ailleurs ce que fait Nadine Morano, secrétaire d’Etat Ump, qui se dit « candidate à rien, mais volontaire pour tout. » Petite coquine, va… Pour sa part, Karoutchi, chargé des relations (tendues) avec le parlement, semble plus proche de la porte que de la promotion. Tenu pour responsable de la bérézina que constitua le rejet de la loi Hadopi, il serait, selon un de ses potes, « carbonisé. » Et Karoutchi l’avoue lui-même : « je ne suis pas heureux. » Pauvre petit tas de cendres froides… Pour Copé cependant, il ne faut pas exagérer les dégâts causés par ce vote dû à l’absentéisme chronique des députés. A l’égard de ces derniers, « la sanction financière ne doit rester qu’une mesure extrême. » Manquerait plus qu’on arrête de les payer au prétexte qu’ils ont arrêté de bosser ! D’une manière ou d’une autre, l’ambiance à l’assemblée, chambre d’enregistrement s’il en est, est parfaitement résumée par l’obscur Jean-Jacques Urvoas, élu Ps de son état : « les députés seront là le jour où ils auront le sentiment qu’ils servent à quelque chose. » Autant dire que c’est pas pour demain.
Et le Ps justement, il sert à quoi déjà? Envoyez vos réponses rue de Solférino, accompagnées d’une enveloppe timbrée svp. Savent plus, les socialos, qui ils sont, où ils sont, pire, selon Moscovici, « aujourd’hui, la question de ce que fait le Ps est posée. » Bin nada, répondit l’écho.
Et pendant que l’opposition ne s’oppose plus guère qu’à elle-même, Sarkozy a beau jeu de multiplier les saillies. Continuant tranquillement de museler les médias français, il ne se méfie pas assez de la presse étrangère, laquelle fait le boulot à la place de nos pisse-copies, aux ordres. C’est en parcourant cette presse-là qu’on apprendra qu’il s’est foutu de la gueule de Zapatero, « pas très intelligent », qu’il traite Merckel avec condescendance mais épargne Berlusconi puisque, dixit Sarkoléon, « l’important dans la démocratie, c’est d’être réélu », et que « Berlusconi, il l’a été trois fois. » Après avoir relevé le caractère autocratique de cette vision toute personnelle de la démocratie, les méchants médias italiens soulignent l’erreur crasse de l’élyséen nain de jardin. En effet, la Berlu n’a pas été réélu trois fois, mais deux. Ils sont pas gentils, hein, ils cherchent la petite bête. En même temps, c’est normal, eux n’appartiennent ni à Bouygues, ni à François Pinault.
Plus tard, c’est excédé par le succès de Barack Obama auprès des foules françaises, foules dont Sarkoléon, lors de ses déplacements, doit se protéger à grand renfort de barrages gendarmobilesques, qu’il plaisante face aux journaleux, à propos du retour en France dudit Barack, le 6 juin. « Je vais lui demander de marcher sur la Manche, et il va le faire vous verrez. » Hi hi. Rien de pire que l’humour d’un hyper anxieux complexé.
Plus tard encore, nouvelle plantade, le complexé s’en prend aux maths et, devant un parterre de lycéens largués par le présidentiel discours, lance qu’il « ne comprend pas pourquoi il faudrait faire S pour préparer médecine. » Ça tombe bien, dans la mesure où personne n’y est obligé. Un détenteur du bac L peut par exemple parfaitement intégrer la première année de médecine. Aie aie, Sarko : un bêtisier en construction.
Finalement, nous en sommes d’accord, quelqu’un doit partir, oui. A défaut de son seigneur et maître, on aimerait bien que ce soit Kouchner. Si on l’entend plus beaucoup, comme mis sous le boisseau l’homme des affaires étranges, on a pourtant appris qu’il louait à Paris un bien joli appartement dont le loyer, curieusement, n’a pas été communiqué. Fut juste révélé le nom de son propriétaire : le Vatican. « Je ne vois pas où est le problème », a susurré Kouchner. On allait justement le dire.
(Si quelqu’un devait partir, j’aurai préféré, moi, que ce ne soit pas Christophe, le copain qu’on enterre aujourd’hui. Qu’il aille au diable, de préférence, faire la fête avec Boris Vian et Nestor Makhno. Et que Dieu, dans sa mansuétude, lui évite l’ennui morbide de son paradis à la con peuplé d’angelots stupides, amen.)
Frédo Ladrisse.
La question de l’autruche que tu liras nulle part ailleurs et même que si tu y réponds tu gagnes une plume, ou presque :
Vrai ou faux ?
- Le décret concernant l’interdiction du port de la cagoule en manifestation a été transmis par le ministère de l’intérieur à Matignon, pour examen.
- Francis Lalanne est tête de liste aux élections européennes.
- A ce jour, Julien Coupat n’a toujours pas été libéré.