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13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 12:32

 

images-copie-37.jpgTirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Houlala froid nous eûmes, les frères et sœurs, ça eut pincé ma gueule, ça pince encore, et donc ? Si le froid se contentait d’abîmer les enjoliveurs et autres chromes automobiles on en serait bien aise. Seulement voilà, parfois il tue. Aussi apprîmes-nous, pas plus tard que tout à l’heure, et de la bouche empâtée de crème anti-gerçures d’une journaleuse de gras terrain, que « dans l’Aube, c’est une hécatombe chez les flamands roses. » Bigre. Foutre dieu. Y’avait des flamands roses dans l’Aube et on nous avait caché ça ? Les hommes et femmes de la rue tombent, Nora Berra en sait quelque chose qui, secrétaire à la santé, conseille aux sans-abri de ne pas sortir de chez eux en période de grand froid. Ils tombent, mais les flamands roses c’est autres chose, cela gèle sur un seul pied, c’est autrement spectaculaire. On ne nous dit rien des flamands de l’Aube et pareillement, comme par un fait exprès, on ne pipe mot de l’état dans lequel doivent se trouver les autruches de l’élevage de Rambouillet. Vous ignoriez qu’à Rambouillet — ville qui pourtant vit mourir de septicémie François Ier —, à Rambouillet, oui oui, à 50 bornes de Paris, existait un élevage d’autruches ? Elles seraient près de 600, à s’y cailler les plumes. C’est rien que de l’élevage de bidoche, de ces steaks sur pattes dont raffolent les autruchophages crétins peuplant les restos boboïdes du onzième arrondissement de Paris et d’ailleurs. Au passage, et puisqu’on en cause : j’ai eu, de long temps, le projet de cisailler l’enclos de mes volatiles camarades. Ce projet, bien entendu, demeure d’actualité : quelques bonnes volontés armées d’une paire de tenailles suffiraient à ce qu’enfin on puisse admirer le spectacle, hautement réjouissif, de 600 autruches envahissant les rues de Rambouillet, commune des Yvelines, la nuit. Chouette panique en perspective, scènes d’anthologie en sus, mais : revenons à nos moutons, bien qu’ils soient de Panurge. Regardons-les sauter dans l’eau gelée, suivant le troupeau tout groupé, avalant sans broncher inepties et calembredaines, un œil sur le thermomètre l’autre guettant je ne sais quel bulletin météo. Quel temps fait-il, en Syrie ? On préfère l’ignorer, puisqu’il y pleut, à ce qu’il parait, des bombes et du tir de mortier. Pour qui sonne le glagla ? Il serait tombé, là-bas, quelques centaines de morts civils, depuis que fut reçut en grande pompe cette pointure de ministre russe des affaires étranges. Un blanc-seing, ou tout comme, pour un massacre supplémentaire. Qu’en pensent Merckel, Sarko, Obama et la clique ? Si peu de choses, en vérité… Le froid engourdit les méninges, et la moufle à cervelle n’est, chez ces gens, pas pour demain.

     Pourtant, il n’y a qu’à voir Vesoul — et mourir, ajoute Pierre, lancé depuis son strapontin: à Vesoul il y pela dur, moins 20 la semaine dernière, eh bien cela n’empêcha pas Joyandet, maire de la bourgade, de penser, et à haute voix! Recevant je ne sais plus quelle vedette Ump (Juppé ? Fillon ? Morano ? Dave ?), monsieur le maire prononça un discours très… courageux. Aux militants présents il a souhaité « courage, courage, courage, courage et courage ! » Un programme en cinq points, en somme. Aux dernières nouvelles, Joyandet s’apprêterait à remettre les clefs de l’hôtel de ville à un adjoint de ses amis, et à quitter fissa Vesoul. C’est vrai qu’on s’y fait chier, à Vesoul, comme un caillou.

     A Tanger, on s’emmerde moins. Ce qui certainement explique que Renault ait choisi de s’y installer, plutôt qu’en bords de Saône. Belle usine, à Tanger, pimpante, rutilante. Une usine, quoi, mais neuve, un nouveau lieu d’ennui, de brimades et de mort, mais propre. Là, bosseront pas moins de 6500 ouvriers, pour un salaire mensuel de 250 euros. Soit la moitié de ce que gagne l’ouvrier Renault de Roumanie. On peut donc en conclure qu’on se trouve, dans le cas présent, devant une sorte de dé-délocalisation. Les pauvres se tirent la bourre, c’est à qui coutera le moins cher ? Carlos Ghosn, patron de Renault, se frotte les pognes et sans nulle vergogne. Mieux : l’état marocain, dirigé par une main d’acier dans un gant d’airain par Mohammed dit M6, commandeur des croyants et grand dépendeur d’andouilles devant l’éternel, son dieu, exonère Renault de toutes charges durant cinq ans. Et participe à la hauteur de 10 % aux frais de construction de l’usine. Et offre, ou quasi, le terrain. Mieux encore ? Pas de code du travail, surtout : pas de syndicats. Pas la peine, rigole un cadre, « puisqu’ici règne la paix sociale. » A l’ombre des miradors et dans la « paix » du poulailler, le renard va donc, tranquillement, croquer cette volaille.

     Fait pas trop froid, non plus, en Inde. Parait même que, sous peu, il pourrait y faire très chaud : New Delhi vient de se payer rien moins que 126 Rafales, le joli navion made in France dont personne, jusque-là, ne voulait. Allez, on applaudit bien fort le « fabriquer français » et ses engins de mort, même que si Kadhafi il aurait pas fait la fine bouche devant le Rafale, eh bin il en serait peut-être pas là, voilà! Désormais, chaque pays plus ou moins émergent le sait, le choix est assez simple : soit bombarder français, soit être bombardé par la France. Serge Dassault, grand armurier et néanmoins poète, rappelle à juste titre que le Rafale « c’est la France qui n’hésite pas à voler haut dans le ciel. » Tanguy et Laverdure en font sous eux de bonheur. La bourse aussi, d’ailleurs, qui à l’annonce du contrat indien a fait bondir l’action Dassault de 21%. Bagatelle. Et peu importe que le vieux Serge, dont les accointances sarkozyennes ne sont plus à démontrer, ait pronostiqué dans le même temps que « les industriels, qui ont peur des socialistes, quitteront la France, enfin… ceux qui ne sont pas déjà partis ! », peu importe que ce marmiton de la mort plastronne « qui va faire la croissance, hein ? C’est pas les pauvres, alors… », la bourse, comme Sarkozy, comme l’Etat, place sa confiance en Dassault fils, lequel comme on voit « vole haut. »

     Au-delà des nuages, là où l’oxygène se fait rare et où, en conséquence, les cerveaux mal irrigués donnent des signes de yoyotisme, Le vieux Serge pourrait bien croiser le vol de cet autre emplumé, Xavier Bertrand, dit « le condor ». Servie sur un altiplateau, le ministre du travail avance l’idée de rendre publics les noms des fraudeurs aux allocations familiales. « Tout jugement devrait entraîner la parution dans la presse de leur identité et de la nature de la fraude. » Si jamais nous devions tomber plus bas que l’égout par le biais de cette délation collective, et sachant que les arnaqueurs sont pour l’essentiel des patrons — travail au noir oblige —, je tiens à la disposition du gros Bertrand la liste des fraudeurs de mon quartier : la pharmacienne, la boulangère, le marchand d’assurances, et ce connard de tenancier de gourbi qui exploite la femme que j’aime et mon trou du cul de patron bradeur d’appart’ milieu de gamme pour bobos-gogos, qui encore ? L’Etat, tient, rien que ça, en retard de quelques milliards sur ses cotisations, alors, Bertrand, publie, publie ! Elles sont, en ce moment, un peu rares, les occasions de se gondoler.

     Sinon, quoi ? La campagne ? En ville, vil gredin, Sarko paraît-il vire à droite, sécurité, moralité, famille et autres imbécilités. En mordouillant sur l’extrême-droite le nain talonnétté tente, challenge de la dernière chance, d’assurer sa présence au second tour de l’érection. Ce serait un minimum. Sinon ? Rien. Hollande continue de se la raconter, Mélanchon de remplir les salles de futurs électeurs bayroutiens venus voir, « par curiosité », le bretteur de foire, alors que tout le monde sait — à l’exception, peut-être, de ce naïf de Hollande — qu’à l’issue d’un second tour qui verra s’affronter Le Pen et Sarko c’est le petit qui sera réelu. Sinon ? Ah si ! Boutin. Il nous faut parler d’elle, parce qu’elle a le mérite de ne jamais reculer devant le ridicule qui s’avance, s’avance, et qui tout cru va la bouffer. Figurez-vous que la dame, chassant les signatures, suit le chemin de Compostelle. S’arrête chez monsieur le maire, tâte la vache et bois le jus, et déballe enfin ses sottises. « Moi, j’irai jusqu’au bout ! », qu’elle ose. Du chemin, et amen ? Si Compostelle ne suffit pas, comme disait Coluche il lui restera toujours Lisieux pour pleurer.

                                                                                                 Frédo Ladrisse.

 

 

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commentaires

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Ouf, quel texte ! Chapeau bas pour la forme et le contenu, je reviendrai c'est promis !
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