Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Venu du nord, du Sud, de partout, un vent de colère souffle sur les crânes des toucheurs de bonus et autres gratteurs de primes. Un vent ? Soyons sérieux, à peine un alizé, qui doit leur rafraîchir la nuque. N’empêche, un décret sera pris, si si, concernant une poignée de patrons - à condition toutefois qu’il soit appliqué, ce dont on se permettra de douter. Peu importe d’ailleurs, l’objectif est seulement de nous endormir, nous les pouilleux. Et puis, comme dit Mariton, député Ump, on va pas faire une loi non plus, « des lois sur les rémunérations, y’en a déjà tout plein. » Sic. De son côté Gaino, conseiller très spécial de l’Elysée, joue les Lapalisse aux petits pieds : « quand y’a pas besoin de loi, c’est pas la peine d’en faire une. » Faut lui parler simple au peuple, hein. Parisot, quant à elle, campe sous le chêne patronal et y rend une justice austère sans se priver de sucer les glands de la discorde. Elle a tout récemment tancé vertement Nicolas, son fidèle vassal : « rien ne sert d’aller de rodomontades en rodomontades, il me semble important, aujourd’hui, de savoir raison garder. » Et, pour que ce soit bien clair, celle qui, il y a peu, déclarait n’avoir « ni les moyens, ni même le désir d’agir » sur les parachutes dorés, livre son audacieuse théorie : « je pense que l’autorégulation sera plus efficace que la loi. » Reste plus qu’à attendre que les patrons décident d’eux-mêmes une baisse de leurs rémunérations. Commentaire de Robert, du bistrot : bin on est pas rendus.
Pas rendus, non, et mal partis, d’autant que tout est de notre faute : « dans une crise aussi grave, chacun d’entre nous a une responsabilité morale », a rappelé Sarko. Comme des millions d’autres, j’ai beau chercher, moi, je vois pas bien en quoi je serai responsable de La Crise. Ah si !… Les grèves, bien entendu. Aussi Sarko, à Saint-Quentin, tenta-t-il une nouvelle fois de nous faire culpabiliser, en évoquant longuement « ceux qui n’ont pas les moyens de faire grève », les braves gens, les gueux aux échines pliées, et donna à entendre cet algorithme étrange : « ceux qui souffrent le plus ne sont pas ceux qui contestent le plus. » D’où qu’il tient ça, lui ? Des fiches lectures qu’on lui pond à partir du Fig’ Mag’ ? Quoi qu’il en soit, si Sarkozy s’était un peu promené dans les manifs ces derniers temps, il ferait moins le fanfaron. Il « a la banane » ? D’autres ont une pêche d’enfer, les enseignants-chercheurs, les étudiants, par exemple. Darcos peut toujours prétendre « nous ne reculons pas : nous expliquons mieux », plus personne n’est dupe. « Je ne voudrais pas donner l’impression que tout est en vrac », lâche le ministre. Pourtant… Au final, cette phrase, qui claque comme un aveu : « en gros, je fais confiance aux enseignants. » C’est ça, en gros.
En gros, celles et ceux qui rêvent de voir Sarko s’étouffer avec sa banane, ne se recrutent plus seulement dans les rangs de l’Education Nationale, ni même du secteur public. Quelque chose enfle, qui vous a un parfum de Guadeloupe tout à fait délicieux. Encore faudrait-il savoir contourner (euphémisme) les grosses centrales syndicales qui « canalisent », comme dit Chérèque. Qui refusent mordicus de passer la vitesse supérieure de la grève générale. Qui, sans les condamner de manière officielle, n’apportent au mieux qu’un mol soutien aux séquestrations de patrons licencieurs, lesquelles fleurissent un peu partout. A Pithiviers, les gars retenaient le directeur technique. Au bout d’une nuit, libération. Comme dit le délégué FO, « il faut savoir reprendre les négociations. » Pffff… UNE SEULE SOLUTION, LA SEQUESTRATION !
Voilà un slogan autruchien qui aurait certainement le don de faire sortir de ses gonds Elizabeth Levy, chroniqueuse officielle de la Radio Nationale d’Etat, j’ai nommé Europe 1, et qui éructait l’autre jour, crachant dans le micro : « alors le patron c’est le bouc émissaire ! Alors maintenant les patrons seraient les nouveaux ennemis du peuple ?? » Non, justement, c’est pas nouveau.
Pas plus nouveau est le vieux rêve de la droite conservatrice de voir se réaliser une contre-révolution (autrement appelée rupture), laquelle effacerait non seulement mai 68, mais surtout laverait l’affront de 1789. « La crise nous offre l’occasion de renouveler notre corpus idéologique », indique Sarko-la-banane. Quand on voit de quoi est constitué le corpus sarkozyste, on se frotte les yeux pour être sûr qu’on a bien entendu. Comme -> ici, et c’est à voir de toute urgence, si ce n’est déjà fait.
Tiens, ça faisait au moins deux jours qu’il avait pas fait parler de lui, Dieudonné le révisionniste. Alors, pour réparer ça, il se présente aux européennes. « Il faut se battre contre le système béké. On l’appelle comme ça en Guadeloupe, en France c’est le système sioniste. » Au-delà de l’amalgame puant, on notera que Dieudo, d’un trait de plume, éjecte la Guadeloupe hors de France. En face, si on peut dire, commentaire de Raphaël Haddad, président de l’Union des Etudiants Juifs de France : « Dieudonné est l’étoile montante de l’extrême-droite. » C’est d’un goût… Malgré ces tristes sires, on risque pourtant de se marrer, lors des élections à venir, puisque, dernière minute, Francis Lalanne sera candidat ! Tête de liste d’une obscure Alliance Ecologique Indépendante, Cuissardeman devrait assurer à l’autruche pas mal de matière ces prochaines semaines, en terme de conneries dites, ou faites. Qu’il en soit, d’avance, remercié !
Frédo Ladrisse.
La question de l’autruche que tu liras nulle part ailleurs et même que si tu y réponds tu gagnes une plume, ou presque :
Rédacteur en chef de La Croix, Michel Kubler a, cette semaine, annoncé une bonne nouvelle concernant le continent africain. Laquelle ?
- Désormais, lors de la communion, la capote remplacera l’hostie.
- En rédemption des foutaises dites au sujet du sida, Benoît XVI sera privé de Flanby.
- C’est sans doute la dernière fois que le pape se rend en Afrique.